Ce texte (précurseur à mon sens) écrit il y a près de 30 ans s’inscrit dans la réalité de notre société de communication et de l’image dans laquelle nous vivons, en 2021. Et cela est encore plus vrai depuis l’arrivée de la crise sanitaire. L’auteur – un fervent défenseur et connaisseur de l’Astrologie conditionaliste – propose une explication du ‘R extensif’ (ou pouvoir solaire) qui se traduit en différentes expressions ou formes dans notre société : idéologie, autorité politique, image de représentation, langage du pouvoir, image (plumage) et langage (ramage)… Une liste de personnalités est proposée pour étayer son analyse. On pourrait d’ailleurs ajouter une autre personnalité qui était encore trop jeune à l’époque pour faire partie de la sphère politique, et le premier nom qui me vient à l’esprit est bien entendu notre Président actuel Emmanuel Macron particulièrement doué pour orchestrer à merveille (loin de moi l’idée d’en faire l’éloge) le pouvoir solaire dans une société de plus en plus médiatisée et surveillée où nos libertés foncières peinent à résister à cette grande vague (une de plus !) du ‘Pouvoir solaire en extension’…
Au-delà de l’Astrologie conditionaliste, c’est un texte qui invite à la réflexion sur une société de communication où le pouvoir des mots et des images a pris une place centrale. D’ailleurs, l’analyse que Philippe Pinchon fait du livre Rhinocéros d’Eugène Ionesco est à méditer : (re)mettons à l’honneur notre esprit critique !
Bonne lecture…
La rédaction, 17 nov. 2021
Le « r » dit « r intensif » a partie liée avec la notion de pouvoir, de maîtrise, de domination. Il suffirait pour s’en convaincre de lire – ou de relire – l’oeuvre de Michel TOURNIER, Vendredi ou les limbes du Pacifique, voire sa version adaptée aux enfants et adolescents, Vendredi ou la vie sauvage –, qui a toujours représenté pour moi l’opposition entre le « r intensif » qui organise, hiérarchise, institue (Robinson) et la fonction lunaire (Vendredi) qui porte à vivre en symbiose avec son milieu.
Aussi la découverte – récente – du thème de TOURNIER a-t-elle dépassé mes espérances : Lune en Vierge conjointe au milieu du ciel, carré à la conjonction Soleil-Jupiter à l’ascendant, opposée à la conjonction Uranus-Mars au descendant… Mais n’épiloguons pas ! L’essentiel est que l’ouvrage de TOURNIER fournisse une sorte de petite lexicographie portative du « r intensif » : Robinson maîtrise l’espace et le temps en les organisant (cartes, calendriers,…), il codifie, légifère, organise son emploi du temps, organise la vie sociale par l’institution d’une charte, civilise, administre… bref, il se rend, comme le dit Descartes dans le Discours de la méthode (je ne connais pas le thème de Descartes !) Maître et possesseur de la nature : le langage, les schémas, les codes, les règles de conduite, les lois, les institutions… sont autant de moyens de maîtriser, de dominer, d’avoir un pouvoir sur la réalité.
La question dès lors se pose et s’impose : si les notions de maîtrise et de pouvoir constituent des mots-clefs du niveau R, pourquoi la famille du « R extensif » n’aurait-elle pas partie liée avec ces mêmes notions ? Pourquoi ne pourrait-on pas parler EGALEMENT de pouvoir en extension ou d’extension du pouvoir, et plus précisément de pouvoir Solaire en extension.
Coups d’oeil sur thèmes
Je n’ai guère eu le temps de fouiller et d’éplucher la biographie des personnages dont les thèmes arboraient une dominante « R », néanmoins, voici quelques réflexions concernant certains d’entre eux.
NAPOLEON Ier, tout d’abord, parce que son thème offre une dominante hyper « R » avec Jupiter à l’ascendant, Soleil-Mercure au milieu du ciel, Uranus au descendant, et qu’il possède ainsi les marques du « r » et du « R ». Je n’insisterai pas sur l’aspect « r intensif » : prise de pouvoir, constitution du consulat, organisation de l’empire, création d’un code qui porte encore son nom… Je me pencherai davantage, en revanche, sur la dimension « R » que contient la conjonction Soleil-Mercure. J’y crois discerner, quant à moi, ce que nous avons appelé plus haut l’extension du pouvoir, ou le pouvoir en extension. Je vise moins par là sa folie de conquête – quoique le Lion, en tant que signe d’espace, puisse autoriser l’interprétation d’un espace conquis toujours plus loin – que ce pouvoir de fascination qu’il exerça sur les hommes, sur ses propres soldats, sur quantité de Français, même après sa mort ; son image, multipliée à l’infini (allusion à Mercure!) sur ces pièces d’or encore nommées napoléons, était l’objet d’un culte… Napoléon conquit un public, il emporta l’adhésion du plus grand nombre, c’est en cela que son pouvoir fut remarquable : le pouvoir de l’homme (« R ») ne pouvait que servir et renforcer l’homme du pouvoir (« r »).
Enjambons allègrement un ou deux siècles pour aborder l’époque contemporaine.
Loin de nous, à l’orée du XXe siècle, Sacha GUITRY. En commun avec Napoléon Ier , Jupiter à l’ascendant et le culte de la personnalité : GUITRY a le don d’étaler son moi, de le répandre, d’étendre sa propre image par le biais du septième art, aussi n’est-il pas étonnant de trouver conjoints au descendant la fameuse triplette Soleil-Mercure-Vénus à laquelle s’adjoint Mars… GUITRY trouve dans le cinéma l’opportunité non seulement d’être producteur et metteur en scène (cette organisation de l’univers scénique ressortit à une dynamique de type « r »), mais surtout d’être producteur et metteur en scène de son image de soi, en interprétant des rôles d’une mégalomaniaque simplicité : Louis XIV et, bien sûr, Napoléon 1er ! Jouer avec son image, toucher ainsi chacun et le plus grand nombre, nous sommes bien dans une dynamique « R ».
On pourrait multiplier les thèmes montrant qu’il y a dans cette famille « R » un « air » de famille : toutes ces célébrités ont plus ou moins un public à séduire, à persuader (par leur image, par leur langage…), tous ont plus ou moins ce désir et cette faculté d’exercer un pouvoir de séduction et de persuasion, tous plus ou moins ont le goût de se donner en spectacle, ceci bien sûr lorsque le « R » est vécu au plan du « sujet » : dans le lot, citons quelques exemples caractéristiques :
˃ Notre chère Elisabeth TESSIER – Mercure-Vénus-Soleil a l’ascendant en Capricorne – qui a ce don vénusien de jouer avec son image – et parfois en toute simplicité, puisque dans le plus simple appareil – qui a ce don mercurien d’ubiquité, qui a le génie de diffuser son image en utilisant l’ensemble des médias : journaux, radio, télévision, édition… Quelle jouissance, quand on y réfléchit, de voir la presse – ce miroir à multiples facettes – lui renvoyer quotidiennement en milliers d’exemplaires, l’image de son pouvoir !…
˃ Le deuxième exemple est moins sujet et davantage objet, peut-être à cause de l’influence désindividualisante et humanisante de Neptune au descendant qui fait face à la triple conjonction Soleil-Mercure-Vénus ascendante, dans le signe parfois dépersonnalisant des Poissons, il est vrai. Il s’agit du thème de Jacques VERGES, célèbre avocat plaideur de causes plutoniennes. Là aussi il s’agit de séduire un public, de le persuader, d’emporter son adhésion, d’exercer un pouvoir, donc, et en l’occurrence le pouvoir du langage, de la rhétorique ; mais, apparemment, le souci de VERGES n’est pas tant de répandre sa propre image, que de donner de la publicité à des causes indéfendables, à des images rejetées dans et par l’opinion. On aura reconnu, chez ce défenseur de l’indéfendable, l’influence de Pluton, conjoint dans son thème natal, à la Lune en trigone à Soleil-Mercure.
˃ Les derniers exemples appartiennent au domaine politique : Brice LALONDE, Soleil-Vénus-Mercure en Verseau au milieu du ciel, dont on ne sait exactement s’il cherche à ETENDRE son influence ou celle de l’écologie ; Jacques CHIRAC, Soleil-Mercure au milieu du ciel ; Michel CHARASSE, Soleil-Mercure au descendant ; Edith CRESSON, triple conjonction Soleil-Mercure-Vénus au descendant… La liste serait longue et fastidieuse…
Que conclure de ces différents exemples ? Le point commun, bien sûr, entre ces différents personnages, acteur, astrologue, avocat, hommes politiques, c’est de faire partie, chacun à sa manière, du monde du spectacle, c’est de se servir des médias, des moyens de diffusion, pour augmenter leur influence, leur crédit, leur prestige (leur fortune également…!), bref pour ETENDRE LEUR POUVOIR, ou, dans le meilleur des cas, le pouvoir des idées qu’ils représentent.
Regards sur le monde actuel
Soyons conditionalistes ! Si ces différents personnages possèdent à l’heure actuelle un pouvoir, ce n’est pas seulement par la dominante « R » dont les a gratifiés leur thème natal. C’est aussi et surtout parce que nous vivons dans une société que je ne sais plus quel philosophe moderne qualifiait de société du spectacle, dans une société de type « R », où l’image est privilégiée, ou image et pouvoir sont liés.
Je me bornerai ici à rappeler ce que tout un chacun aura pu par lui-même constater en ce qui concerne ce que l’on appelle les sciences de la communication, belle périphrase qui désigne simplement l’art de manipuler les masses, d’influer les comportements – quels qu’ils soient – d’agir sur les consciences, bref d’EXERCER UN POUVOIR SUR UN PUBLIC, EN TOUCHANT CHACUN (Vénus « R ») ET LE PLUS GRAND NOMBRE (Mercure « R »), à partir, le plus souvent, d’une FORMULE SIMPLE ou d’une SIMPLE IMAGE.
A cet égard, il n’y a pas de domaine réservé : tout passe par les mains des experts en vente et communication ; tout le monde se met au goût du jour et entonne le grand air « R » !) de la communication : industriels, artistes, hommes politiques… Les sirènes de la réclame et de la PUBLICITE (au sens large du terme) jouent quotidiennement de leurs appas et de leurs appeaux, et nul Ulysse pour glisser de la cire dans nos oreilles… Peu importe la qualité du produit ; l’essentiel est d’emporter l’adhésion grâce à l’attrait de l’emballage et de la présentation, d’où – entre autres – ces sourires stéréotypés, mécanisés et américanisés, qui ornent en permanence leur triste figure… Tout est étudié, gestes, mimiques, intonations… Je n’insiste pas davantage : une formule peut résumer l’ensemble : LE POIDS DES MOTS, LE CHOC DES PHOTOS, autrement dit le POUVOIR du LANGAGE et le POUVOIR de L’IMAGE qui permettent de séduire et de persuader pour REPANDRE une idée, ELARGIR un marché… Nous sommes bien dans un processus relevant de la dynamique du « R extensif ».
Un mot-clef en définitive me paraît résumer ce que nous avons appelé l’extension du pouvoir ou le pouvoir en extension : c’est le mot PROPAGANDE, qui traduit assez bien, que soit le domaine, la dynamique d’expansion du « R » qui vise à propager une image ou une idée : propagandes en tous genres, publicitaire, commerciale, électorale, politique, idéologique… et donc aussi propagande… nazie ! HITLER n’avait-il pas, en Bélier, Soleil et Mercure conjoints au descendant ?!!! (encore un hyper « R », – comme Napoléon 1er -, avec Uranus ascendant et Jupiter au fond du ciel conjoint à la Lune).
A propose d’HITLER et de la propagande idéologique, je vous propose un petit détour par le fameux Rhinocéros de Ionesco. La rhinocérite représente en particulier la contamination progressive et épidémique de l’idéologie nazie, mais aussi de façon plus générale le processus d’EXPANSION de TOUTE IDEOLOGIE : tous ces personnages qui se transforment peu à peu sous les yeux du spectateur en rhinocéros symbolisent ceux qui, succombant au charme des barrissements (variante moderne et burlesque du chant des sirènes homériques), adhérent à l’idéologie sécrétée par le pouvoir. Ionesco a bien saisi le POUVOIR DE SEDUCTION qui entraine un à un les personnages, Bérenger excepté, qui, seul, ne capitulera pas, n’abdiquera pas, et restera un être humain : les têtes des Rhinocéros sont devenues très belles indique-t-il à la fin de la pièce, et il fait dire à Bérenger que leurs chants ont du charme, soulignant par là et le POUVOIR de LEUR IMAGE et le POUVOIR de LEUR LANGAGE. Que Ionesco dénonce le pouvoir du processus « R extensif » n’a d’ailleurs rien d’étonnant : un rapide coup d’oeil à son thème montre qu’autour de l’axe ascendant-descendant, la famille « t », avec Pluton et Saturne conjoints Lune, s’oppose au groupe « hyper R », avec la conjonction large qui réunit le Soleil, Jupiter, Mercure et Vénus : le regard critique de Ionesco était particulièrement sensible aux mécanismes du pouvoir en extension.
Malgré ce détour apparent, nous n’avons pas en fait quitté le monde actuel : avec le chant des sirènes de la publicité et de la propagande, tout est fait pour nous transformer non pas, certes, en rhinocéros, mais moins pittoresquement… en consommateurs ! Comme elles sont belles, ces images ; comme ils sont touchants, ces discours, qui, insidieusement, nous persuadent qu’il n’est point de bonheur en dehors de la consommation !… N’épiloguons pas ! Ce qui me semble important dans cette machination idéologique, c’est que DERRIERE LE POUVOIR DE L’IMAGE, SE DRESSE L’IMAGE D’UN POUVOIR, c’est que DERRIERE LE POUVOIR DU LANGAGE, SURGIT LE LANGAGE DU POUVOIR, d’un pouvoir tout à la fois politique et économique. DERRIERE LE « R », il y a un « r »... !
Image et pouvoir ainsi sont bel et bien liés : l’image, dans notre actuelle société, est à la fois POUVOIR DE SEDUCTION et SEDUCTION DU POUVOIR.
CONCLUSIONS
Il est temps sans doute de tirer rapidement quelques conclusions sous forme d’hypothèses ouvrant la réflexion :
˃ Une constatation simple tout d’abord : une société de type « R », excessivement médiatisée, – où l’on accorde une telle importance à l’image, où les instruments du pouvoir sont la presse et la télévision (moderne sirène qui trône dans chaque foyer!) -, convient logiquement aux individus ayant par leur dominante « R » le sens et le goût du spectacle, du show qu’il soit politic-show ou variety-show… Les « R » sont logiquement adaptés à un milieu « R » (même dans l’enseignement, il faut savoir vendre son image : l’essentiel est souvent de brasser de l’air et d’avoir son petit article dans le journal local…!).
˃ Le « r » et le « R » font partie d’une même grande famille, le groupe « hyper R », qui se constitue autour du POUVOIR et de la fonction solaire : au pouvoir « intensif » du « r », fait pendant le pouvoir « extensif » du « R » ; d’une part, il y a organisation, CONSTITUTION DU POUVOIR SOLAIRE, de l’autre, RAYONNEMENT DU POUVOIR SOLAIRE ; d’un côté, nous avons Robert BADINTER, de l’autre nous avons Brice LALONDE ; d’un côté le metteur en scène, de l’autre l’acteur, tous deux participant, chacun à sa manière, au grand théâtre du monde, tous deux concernés, mais différemment, par la problématique de la « représentation »… Le « r » et le « R » apparaissent ainsi complémentaires. On retrouve ainsi les « cercles fous » de Jupiter et de Vénus, d’Uranus et de Mercure.
˃ Le « R » n’est pas de la sorte redéfini ; il est tout au plus recadré : si l’on retombe au niveau du discours « sujet », il sera toujours plus ou moins vrai de dire que le « R » est sociable et porté à la communication… mais il me semble qu’il s’agit là d’une résultante éventuelle et non obligée du pouvoir solaire en extension. Et puis il existe aussi des « R » peu sociables et peu communicatifs, soir par l’influence d’une autre famille planétaire, soit parce que la fonction n’est pas vécue au plan du sujet (je ne sais pas si FILIPACCHI verse dans la sociabilité, c’est un grand diffuseur d’images ; je ne sais pas si Célestin FREINET était aimable, mais c’est un diffuseur d’idées…). Il existe aussi des « R » envahissants…
En fait, la liste des mots pouvant imager l’extension du pouvoir solaire ne saurait être exhaustive : je pourrais dire aussi bien que le « R » sait jouer avec les codes et les modes, qu’il a l’art et la manière de faire passer, le don de faire impression… au moment où j’écris, le « R » extensif fait naitre l’image d’une ramification… Toutefois, même si elles ne me semblent ni exclusives, ni suffisantes, les notions de pouvoir de séduction (par l’image et le langage, par le plumage et le ramage), de pouvoir des apparences, de désir de conquérir un public – quel qu’il soit -, d’emporter ainsi l’adhésion de chacun et du plus grand nombre, me paraissent cruciales pour saisir la fonction dans son dynamisme.
˃ Elargissons, pour fournir, aux autres hyper-familles du R.E.T.. De la même façon que « r » et « R » sont solidaires du pouvoir solaire, le « e » et le « E » se constituent autour du pouvoir martien, le « t » et le « T » autour du pouvoir plutonien. Ainsi, dans cette optique, on ne saurait accréditer l’image d’un « e » trop passif, de nombreux thèmes l’ont d’ailleurs montré (THATCHER, PASQUA…) : schématiquement, le « e » serait action, mais action spontanée, action par réactions, impulsions et pulsions, action intensive donc, par opposition à l’action « extensive du E », plus constructive parce qu’organisée et réfléchie. Je laisse à chacun le soin de poursuivre cette réflexion et de l’étendre au niveau « T »…
˃ Enfin, conclusion de ces conclusions : il paraît profitable d’aborder un thème en fonction des hyper-familles, aussi bien pour les dominantes que pour les aveugles. J’ai constaté, pour ma part, à plusieurs reprises, que la planète manquante de l’hyper-famille était d’autant plus fascinante qu’elle était plus aveugle…
Philippe PINCHON, mars 1994
(Article paru dans les Cahiers conditionalistes N° 24. Ed. Comac, 1994)
Nota bene : les cartes du ciel ont été réalisées par le logiciel d’astrologie Azimut35 Diamant®