Domicile planétaire

Les Domicile planétaires en Astrologie conditionaliste

« Le R.E.T. accorde une signification (une fonction définie) à chaque place (une seule par planète) et à chaque rang. Si bien que la synthèse d’un thème, sa configuration globale peut désormais s’étudier par les interférences de places et de rangs que donnent le report de la hiérarchie natale dans la hiérarchie naturelle du RET » (Jean-Pierre Nicola)

J’ai mis en exergue cette phrase du fondateur de l’Astrologie conditionaliste® tirée des Cahiers conditionaliste N°13 (p.19) pour introduire cet article sur les domiciles planétaires. Ce que j’y développe n’est que l’illustration des développements possibles que l’on peut tirer de la richesse du modèle R.E.T.

L’Astrologie conditionaliste® a redéfini la notion de ‘domicile planétaire’ en apportant une plus grande cohérence interne et externe 1 dans la théorie des domiciles. Le domicile d’une planète n’est plus rattaché à un signe zodiacal comme dans la théorie ancienne des domiciles zodiacaux mais à la place particulière qu’occupent les planètes dans la hiérarchie individuelle des puissances planétaires. Lorsqu’une planète de la hiérarchie individuelle occupe le même rang qu’elle a dans la hiérarchie universelle, on peut dire qu’elle se trouve à sa place naturelle. Elle est dans son domicile (voir fig. 2 ci-après). En somme, pour déterminer le ou les domiciles planétaires d’un thème, il convient de comparer chaque place qu’occupent les planètes de la hiérarchie individuelle à la place qu’elles occupent dans la hiérarchie universelle.

En effet, la hiérarchie, l’ordre planétaire universel que reflète le modèle R.E.T. de l’Astrologie conditionaliste témoigne d’un ordre planétaire universel puisque intrinsèquement lié à l’organisation des orbites planétaires du Système solaire. Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, je précise que la structure du R.E.T. , reflet du Système solaire, a été formellement démontrée dans les ‘Eléments de cosmogonie astrologique’ de Jean-Pierre NICOLA. Ed. Comac, 1992). Puisque fils et filles du Système solaire, où que nous soyons, où que nous vivions, dans ce siècle ou dans un autre, nous portons en nous cet ‘engramme mémoriel’ universel.

La hiérarchie individuelle (établie à partir du thème de naissance en fonction de critères astronomiques très précis) indique, quant à elle, comment les individus particuliers que nous sommes reflétons à la manière d’un prisme cet ordre universel. L’intérêt de comparer le diagramme universel R.E.T. et le diagramme individuel est de faire apparaître les ‘interférences’ et concordances entre l’ordre universel et l’ordre individuel déduit de l’organisation particulière d’un ciel de naissance, pour un temps et un lieu donnés. Une planète de la hiérarchie individuelle est donc en domicile quand son rang concorde avec le rang qui lui correspond dans de la hiérarchie universelle. Quand il y a non-concordance on parle alors d’interférence.

Les interférences planétaires

Examinons tout d’abord le cas des interférences planétaires à partir d’un exemple. Le thème de cette personne fait apparaître la hiérarchie planétaire suivante :
1-Neptune, 2-Pluton, 3-Uranus, 4-Jupiter, 5-Mars, 6-Soleil, 7-Saturne, 8-Vénus, 9-Lune , 10-Mercure

Reportée dans le diagramme R.E.T., cette hiérarchie donne cette figure :

Fig 1 : la hiérarchie des puissances planétaires peut être représentée de la sorte dans le diagramme R.E.T.

Quand nous comparons les diagrammes RET universel et individuel, nous observons que Neptune (‘existence de la Transcendance’, c’est sa fonction dans le langage conditionaliste), première dominante occupe la place ‘Solaire’ (rang n°1 du diagramme universel : fig. 2 ci-après). La deuxième dominante Pluton occupe la place Vénusienne du diagramme RET universel, la troisième dominante Uranus, la place ‘Mercurienne’, et ainsi de suite.

Que peut bien signifier la fonction Neptune en position Solaire ? Dans la technique conditionaliste, la fonction solaire est ‘représentation de la Représentation’, en somme reconnaissance claire et sans ambiguïté de l’image (unique et permanente) que nous avons de nous-même 2 relativement à l’image de nous-même que nous renvoient les autres. La fonction solaire, représentation de Représentation, fonction d’identité et de sa permanence, est un ‘je suis’ qui n’appelle aucune mise en doute, puisque ‘je suis est qui je suis’.
Il y a peu de points communs entre la fonction Neptune (‘existence de la Transcendance’) et la fonction Solaire (‘représentation de Représentation)’. En astrologie conditionaliste ces deux fonctions planétaires sont dites antagonistes car elles n’ont aucun niveau R.E.T. en commun. L’une, le Soleil, se définit par le niveau Représentation (niveau de l’unique, du Un), l’autre, Neptune, se définit pas la relation entre les niveaux Existence (la Dualité) et Transcendance (le Multiple) . Ce qui pose d’emblée la problématique suivante : comment être un modèle ‘solaire’ alors que l’on est fondamentalement et fortement conscient de sa dimension duelle et transcendante ? Une multiplicité qui ne fait pas bon ménage avec l’unité ‘solaire’ claire et limpide comme l’eau de roche. Le Neptunien (‘existence de la Transcendance’) brûle de mille feux intérieurs. Comment dès lors sa nature ‘volcanique’ et multiple peut-elle être saisie et exprimée toute entière dans une identité ou image parfaite, claire et socialement acceptable à laquelle il pourrait aspirer ou vouloir s’identifier ? Ceci n’est qu’une possibilité d’interprétation que je donne à titre d’exemple. Cette interférence de la fonction Neptune dans un cadre Solaire (on dit que Neptune est « solarisé »), si elle ne va pas de soi dans l’optique d’une vie simple et bien réglée qu’appelle le cadre solaire, n’en est pas moins pour autant synonyme d’échec, d’insuccès ou de tribulations existentielles et sociales comme pourraient nous le laisser croire les notions d’Exil et de Chute (extrêmement réductrices) de l’ancienne théorie des domiciles zodiacaux.

Interférences fécondes

A la notion désuète d’Exil, de Chute, je préfère le terme plus neutre d’interférence. Il dit simplement qu’il y a à trouver des ajustements (existentiels, pratiques, conceptuels, spirituels..) créatifs entre un cadre (donné par l’ordre universel) et un rôle, assignés par la hiérarchisation individuelle. J’ai utilisé un peu plus loin l’exemple d’un footballeur attaquant jouant comme défenseur, donc dans une fonction qui n’est pas la sienne. C’est un exemple d’interférence. Je me rappelle de la demi-finale de la coupe du monde de football de 1998 qui opposait la France à la Croatie. Lilian Thuram, défenseur marqua deux buts en qualifiant la France pour la finale. Deux buts inimaginables dans l’ordre des choses, Lilan Thuram n’en revint pas lui-même, lui qui n’avait jamais marqué de buts en 142 sélections dans l’équipe de France ! Ce n’était pas dans l’ordre des chose qu’un défenseur marque deux buts dans un pareil championnat, ce n’était pas sa fonction, celle attendue par la feuille de match, et pourtant… !

Il y a toute une voie ouverte et très féconde dans l’interprétation que permet la théorie conditionaliste des interférences sur la base de la comparaison du RE.T. Universel et Individuel. Ce sujet à été abordé dans :

  • Les Cahiers Conditionaliste N°19 et 20 (Ed. Comac, 1992),
  • Cahiers Conditionaliste N°24 (Ed. Comac, 1994). Article de Yen Nicola :« Ebauche explicative du médaillon RET »,
  • Le Ballet des coïncidences , Opéra conditionaliste (Jean-Pierre NICOLA. ed. Comac, 2014) pages 91-101 chapitre « De quelques application du RET astrométrique ».

Remarque : Ces interférences peuvent dans la pratique être interprétées à mon avis comme des aspects inter-planétaires d’une autre nature, dans le sens où il existe une relation structurelle et donc plus essentielle entre deux planètes en interférence. Les interférences planétaires peuvent également donner du poids aux aspects planétaires dissonant du thème et en accentuer l’intensité lorsqu’ils mettent en jeu les mêmes planètes.

Fig 2 : La comparaison du Diagramme R.E.T universel et du diagramme R.E.T. individuel permet de définir le ou les domiciles planétaires. Ici, Mars et Jupiter (4e et 5e rang de la hiérarchie individuelle des puissances planétaires) sont à leur place naturelle puisque ces deux planètes occupent le même rang qu’elles ont et qui est leur lieu naturel dans la hiérarchie universelle.

La non-interférence : la planète est en domicile

Toujours dans notre exemple, on constate aussi, outre les interférences que l’on peut observer et interpréter, que deux planètes sont à leur place : Mars et Jupiter occupent dans le diagramme universel et dans le diagramme individuel les mêmes rangs (4 et 5). Ces deux planètes sont donc dans leur domicile.

Remarque : dans le même ordre d’idée que la remarque précédente concernant les aspects entre deux planètes en interférence : si l’aspect dissonant concerne deux planètes en domicile, on peut penser que l’aspect dissonant sera moins problématique, sauf si les deux planètes sont antagonistes (sans point commun).

Nature d’une planète en domicile

Une planète en domicile pourra ainsi déployer davantage et plus librement sa propre nature vis-à-vis des autres planètes du thème. La puissance d’expression (dominante, sous-dominante, non-dominante) d’une planète en domicile ne voit pas sa force ou puissance augmentée (la planète conserve son rang dans la hiérarchie), mais celle-ci s’exprimera de manière plus fluide et davantage en accord avec sa nature. Et vis-à-vis des autres planètes avec lesquelles elle est reliée, elle aura un rôle soutenant, si ce n’est catalyseur. Pour prendre une image sportive, un joueur de football jouera d’autant mieux dans la fonction qui est la sienne, lorsqu’il occupera la place qui lui revient naturellement. Un attaquant est plus efficace à sa place d’attaquant. Ce n’est pas le cas s’il jouait comme défenseur ou comme gardien de but. On voit tout l’intérêt de connaître la fonction planétaire en domicile d’un natif.

Vivre et exprimer pleinement la faculté pour laquelle on est particulièrement bien disposé, n’est-ce pas savoir faire fructifier ses talents en accord avec sa nature ? C’est aussi l’ensemble de la personnalité (et son environnement humain) qui en tirera profit, car une planète en domicile l’est toujours en raison de l’organisation planétaire globale et extra-personnelle que reflète la hiérarchisation universelle du médaillon R.E.T (la même pour tous). La planète en domicile exprime en quelque sorte un ordre universel vécu et exprimé à l’échelle individuelle. Puisse-t-elle ainsi refléter au mieux l’ordre universel dont elle tire sa raison d’être.

Je développerai prochainement cette notion du domicile planétaire et montrerai en quoi, arguments à l’appui, le domicile planétaire est davantage en cohérence avec la réalité astronomique que la théorie antique des domiciles zodiacaux. A suivre donc…

Remarque : la dernière version 11 du logiciel Azimut35 Diamant permet le calcul automatique du ou des domiciles planétaires d’un thème natal.

Parick Le Guen, le 14 nov. 2021

Notes :

  1. J’appelle cohérence interne la cohérence existant entre les éléments d’une théorie. Et cohérence externe la cohérence existant entre les éléments internes d’une théorie et leurs rapports aux réalités externes.
  2. Cette permanence de l’image de soi-même en dépit des multiples changements et transformations de notre personne au cours de notre vie est ce qui constitue notre identité ou mêmeté. Si nous nous reconnaissons pas chaque matin dans notre identité une, identique à elle-même, nous serions probablement au bord de la psychose !