La culture New Age n’est pas étrangère au regain d’intérêt porté sur l’astrologie. Selon les adeptes du New Age nous entrerions très prochainement dans l’ère fraternelle du Verseau. Pourquoi ? Des explications plus ou moins approximatives nous disent, ça et là, que les signes du zodiaque se décalent lentement, d’un signe tous les 2000 ans. L’ère du Verseau succèderait à l’ère du Poisson qui elle-même aurait succédé à l’ère du Bélier. Chacune de ces ères cosmiques marqueraient en profondeur nos cultures et leurs fondements religieux. Pourquoi pas ? En tout cas c’est à voir. Seule une étude historique sérieuse pourrait venir corroborer cette hypothèse. Quoi qu’il en soit cette culture New Age emprunte au vocabulaire astrologique des termes qu’il convient de redéfinir afin d’éviter tout amalgame et syncrétisme astroreligieux.
Soyons précis, se décale par rapport à quoi. Et qui se décale ? Et qu’est-ce qu’un signe zodiacal ?
La définition du signe devrait nous permettre de nous faire une idée critique et fondée sur les évidences que l’on nous assène sur le zodiaque. Apprenons, comme dirait le philosophe à passer des évidences faciles aux vérités difficiles.
Selon le dictionnaire Larousse Lexis, le signe est une des douze parties du zodiaque dont l’étendue est de 30° de longitude. Le point vernal marque l’entrée du Soleil dans le premier signe du zodiaque qu’est le Bélier. Astronomiquement le point vernal (de ver, printemps) se situe sur l’intersection de l’écliptique (trajectoire apparente du Soleil) et de l’équateur céleste (prolongement de l’équateur terrestre).
A partir de ce point vernal les signes se succèdent par portion de 30° le long de l’écliptique. Le point vernal marque donc l’origine du zodiaque (le 0° du Bélier). Plus loin, à 180°, débute le signe de la Balance. La ronde des signes se ferme sur les Poissons qui s’étend de 330° à 360°. Notre Soleil parcourt donc le zodiaque en une année (dite tropique) et en un mois chaque signe.
Ce zodiaque a des retombées concrètes pour nous, habitants de la Terre. En effet lorsque le Soleil entre dans le signe du Bélier, c’est le début du printemps, la durée des jours et des nuits s’égalise. Lorsque le Soleil entre dans le Signe du Cancer (90° du zodiaque), les jours atteignent leur durée maximale, le Soleil est au plus haut de sa trajectoire écliptique, et à sa culmination maximale à midi (le rayonnement solaire est plus intense lorsque le Soleil est haut dans le ciel).
Ce zodiaque très concret est une conséquence de l’inclinaison de l’axe de rotation de notre planète Terre (environ 67°) par rapport à son plan de révolution. Eh oui, la terre tourne sur elle-même en une rotation de 24 heures tout en tournant autour du Soleil en une révolution d’environ 365,25 jours.
Si l’axe de la Terre était strictement perpendiculaire à son plan de révolution (équateur céleste confondu avec l’écliptique), il y aurait alors qu’une saison. La durée des jours et des nuits serait égale pour tous les habitants de la Terre. Le zodiaque n’aurait plus de réalité, puisque équateur céleste et écliptique étant confondus, il y aurait une infinité de points vernaux.
Le Signe est donc une conséquence de l’inclinaison de l’axe de rotation terrestre. Le zodiaque est lié à la Terre (voir illustration).
Après ce petit tour par le zodiaque, sa définition, ses conséquences, revenons à notre affirmation première : les signes du zodiaque se décalent de 30° tous les deux mille ans. Si tel était le cas, le point vernal c’est à dire le début Bélier ou le premier jour du printemps changerait de signe tous les deux mille ans. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il n’y a plus de saison, mais j’ai du mal à admettre que le printemps puisse un jour commencer en hiver ou en automne. En conséquence, sont-ce bien les signes qui se décalent de 30° ? Qu’est-ce qui se décale et par rapport à quoi ?
Vous savez, à présent, ce que sont les signes du zodiaque. Vous avez peut-être entendu certains astrologues ou astronomes parler de constellations ? Certains d’entre eux tiennent même pour synonyme signe et constellation, au point de les confondre. Il y aurait donc douze signes du zodiaque et douze constellations zodiacales. Que dit le Larousse Lexis sur la définition d’une constellation. C’est un groupe d’étoiles présentant une figure conventionnelle à laquelle on a attribué un nom (ex. La Grande Ourse, Cassiopée). Ainsi les constellations sont des groupements d’étoiles. Rien à voir par conséquent avec les signes qui découlent et tirent leurs réalités de l’inclinaison de l’axe de rotation terrestre.
1re raison : lorsque l’on observe de nuit la voûte céleste et les planètes de notre système solaire qui parcourent le zodiaque (à des vitesses variables : Mercure environ 3 mois, Vénus environ 7mois, Mars environ 2 ans, Jupiter environ 12 ans, Saturne environ 29 ans, etc.) il est pratique de se servir des étoiles lointaines comme système de repérage. En effet les planètes (qu’on nommait dans l’antiquité les astres errants) sont mobiles alors que les étoiles paraissent immobiles (on les nommait jadis des ‘fixes’) et forment entre elles des groupes aux figures remarquables et facilement mémorisable. Ces groupes ou constellations ont donc servi aux premiers astronomes de toile de fond pour repérer les planètes qui traversaient tel ou tel signe du zodiaque, ou pour repérer tel ou tel signe qui se levait ou se couchait à l’horizon. Les constellations servaient à matérialiser les signes. Lorsque, par exemple, une planète traversait le signe du Bélier (entre 0° et 30° de longitude écliptique) il était commode – puisque chaque retour de cette planète semblait toujours coïncider avec telle constellation – de dire que cette planète se situait dans la constellation du Bélier. Les constellations héritèrent ainsi du nom des signes auxquels elles semblaient se superposer. De toute manière, ce système était peu rigoureux car les constellations ne recouvraient pas exactement l’étendue de 30° des signes zodiacaux. Mais il était pratique. Peu à peu signe et constellation devinrent synonyme par abus de langage, bien que les premiers astronomes restaient conscients de leur différence d’un point de vue astronomique.
2e raison, implicite à la première :
Par méconnaissance du phénomène appelé précession des équinoxes, signes et constellations paraissaient coïncider d’une année sur l’autre. Or le point vernal qui marque le début du zodiaque (le 0° du Bélier) se déplace lentement (1° tous les 72 ans) dans le firmament à rebours du sens des signes. Il revient à Hipparque de Rhodes (II siècle avant J.-.C) d’avoir découvert ce phénomène. Un degré écliptique tous les 72 ans, faites le calcul : 30° multiplié par 72 cela fait environ 21 siècles. Les signes et les constellations se décalent donc de 30° tous les deux mille ans environ. Les observateurs de la voûte céleste qui ont fait coïncider constellations et signes (il y a environ deux mille cinq cents ans) étaient loin de se douter que cette dérive du point vernal, qu’ils ne soupçonnaient même pas produirait un si grand décalage 2000 ans plus tard ! Conséquence aujourd’hui, le point vernal (0° du signe du Bélier) va bientôt entrer dans la constellation dite du Verseau (que les calculs fixeraient d’ailleurs aux alentours de l’an 2750!). Constellation qui coïncidait il y a environ 2000 ans avec le Signe du Verseau.
Si vous m’avez suivi, vous ne ferez plus de confusion entre signes et constellations. Ce qu’il faut retenir : le zodiaque des signes est indépendant des constellations, le Bélier reste le Bélier, même si le décor des constellations étoilées a changé. Lorsque le Soleil entre dans le signe du Bélier, même si la constellation qu’il traverse n’est plus la constellation dite abusivement du Bélier, la réalité du signe n’en est pas défigurée : les jours et les nuits s’égalisent en durée pendant que les jours accroissent progressivement leur durée pour imposer rapidement leur domination sur la durée des nuits (d’où la symbolique de la corne liée au jaillissement de la lumière, à l’abondance qu’annonce le printemps…). Dans 2000 mille ans cette réalité ne changera pas. Lorsque le Soleil atteint, comme chaque année, le point vernal, le Soleil entre alors dans le signe du Bélier et ceci, quelle que soit la constellation avec laquelle il semble aligné. La précession des équinoxes et le décalage entre signes et constellations qui en est la conséquence est donc sans répercussion sur les signes du Zodiaque. Lorsque vous changez de décor, changez de pièce, de paysage, perdez-vous pour autant votre identité ? Non, vous restez vous-même tout en changeant de décor.
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