Le signe du Sagittaire

Le Soleil entre dans le signe du Sagittaire le 22 novembre vers 11h (TU) il en sortira le 22 décembre vers minuit (TU).
Le Sagittaire est représenté par un centaure mi-homme mi-cheval bandant un arc en direction du ciel. Cette symbolique donne des premiers indices pour décrire la psychologie du sagittaire : on retiendra principalement l’idée de sublimation des pulsions instinctives orientées vers un idéal lointain, fédérateur.
Le Sagittaire de haut vol sera un fédérateur, un être voué à réaliser de grandes synthèses, un être capable de sacrifier ses intérêts immédiats en vu de se réaliser par identification à une cause, une idée, un projet parfois hors du commun.
Cette approche peut être complétée et approfondie en interrogeant, en se référant aux réalités astronomiques et naturelles qui sous-tendent l’expression symbolique de ce signe automnal. Je vous propose donc de vous faire entrer dans les coulisses du zodiaque, vous faire toucher du doigt quelques mécanismes zodiacaux qui nous permettront de définir un clavier analogique. Clavier qui nous aidera à interpréter et comprendre chaque signe du zodiaque.


En entrant dans le signe du Sagittaire (qui s’étale du degré 240 du zodiaque au degré 270) le Soleil continue sa descente en hémisphère australe, descente amorcée lors de son entrée dans la Balance (à l’équinoxe d’automne autour du 21 septembre). Cette descente se traduit pour les habitants de l’hémisphère nord par l’accroissement des nuits qui atteindront leur durée maximale lors de l’entrée du Soleil dans le signe du Capricorne (au solstice d’hiver). Le Sagittaire voit donc la nuit atteindre sa plus grande amplitude et le jour sa portion congrue. Pour parler en terme imagé on pourrait dire que le Signe du Sagittaire se caractérise par une dilatation maximale de la nuit. Le Sagittaire sera donc dans une dynamique d’ouverture à la nuit.

La nuit du Sagittaire

Qu’évoque pour nous la nuit du Sagittaire et quelle est cette nuit, si particulière ? L’astrologie conditionnelle nous dit que la nuit est en rapport avec les mécanismes d’inhibition (tout processus nerveux permettant la retenue, le refus, le repli, etc.). Le Sagittaire serait donc, vue sous cet angle, un champion du refus, du non, de la non adhésion. Ce qui ne semble pas très bien coller à la psychologie du Sagittaire. N’avons nous pas avancé que le Sagittaire était un être en quête d’un absolu, et voué à défendre, s’identifier à de grandes causes. Où est donc le frein, le refus, l’inhibition dans cette dynamique de quête ? Il nous faut préciser notre propos car toutes les nuits ne se ressemblent pas. En effet, tous les signes à dominante nocturne (Sagittaire, Scorpion, Balance, Capricorne, Verseau, Poissons) ne sont pas sur un même pied d’égalité vis-à-vis des mécanismes d’inhibition qui les caractérisent.

Toutes les nuits ne se ressemblent pas.

Contraction et dilatation de la Nuit
Nous avons décrit un premier processus pour qualifier la nuit du Sagittaire : sa croissance, ou dilatation. Il y aura donc un processus inverse : la décroissance, ou la contraction. Les signes automnaux (Balance, Scorpion, Sagittaire) seront marqués par une dilatation de la nuit, les signes hivernaux (Capricorne, Verseau, Poissons) par une contraction, un reflux de la nuit. La dilation et la contraction de la nuit vont nous permettre de caractériser l’inhibition des signes dont nous avons parlé. La contraction induira une rigidité, une inertie dans l’inhibition, dans le refus, dans le frein. La dilatation une souplesse, une rapidité dans l’inhibition, le refus et le frein. Notre typologie du Sagittaire s’affine donc, sa nuit est mobile, souple, vive. Traduction : les systèmes de défense du Sagittaire seront très immédiats, spontanés, sans retenue pourrais-je dire (une retenue sans retenue, étrange paradoxe !) A l’inverse, le Capricorne, par exemple, se caractérisera par des systèmes défensifs beaucoup plus rigides, persistants (la nuit du Capricorne est en contraction).

Force d’ouverture et de fermeture
Nous avons décrit précédemment les qualités principales de l’inhibition : rigides (Capricorne, Verseau, Poissons) ou souples (Sagittaire, Scorpion, Balance). Abordons maintenant sous l’angle de l’intensité ou de la force le processus dominant en jeu (ici, la nuit) dans le signe du Sagittaire. On considère qu’un processus qui augmente en intensité (la nuit du Sagittaire augmente en durée) est en relation avec une dynamique d’expansion. A contrario, un processus qui diminue en intensité (la nuit du Capricorne, par exemple, qui décroît dans la durée) est en relation avec une dynamique de repli. Notre investigation dans les rouages du zodiaque permet à présent de mieux cerner la typologie du Sagittaire. Le Sagittaire se caractérisera donc par des mécanismes de défenses souples, spontanés et variés ainsi que par des attitudes d’ouverture et d’adhésion. Ses ouvertures, ses adhésions seront donc nuancées, le Sagittaire sera doué pour contourner habilement les obstacles rencontrés sur le chemin de ses ambitions.

La Nuit du non-moi.
A ce point de notre analyse, la nuit apparaît donc comme le moteur, la clef de compréhension du Sagittaire. Nous nous étions demandés en introduction de quelle nature était la nuit du Sagittaire, nous y avons répondu dans les grandes lignes. Un autre aspect ne doit pas nous échapper. Il me semble, en effet, éclairant pour comprendre la logique des signes, de mettre en relation le jour avec les valeurs diurnes du moi, du concret et de la présence, et la nuit avec les valeurs nocturnes du non-moi, de l’abstrait et de l’absence. Sous cet angle les signes où domine la nuit pourraient être décrits en terme d’adaptation à la Nuit-abstraite, c’est-à-dire, aux valeurs du non-moi. Les signes où domine le jour, en terme d’adaptation au Jour-concret, aux valeurs du moi. On voit ainsi se dessiner un autre versant intéressant sous l’angle de l’adaptation et de l’inadaptation. Le Sagittaire serait adapté à la nuit, c’est-à-dire ouvert à la logique de l’autre, à toute démarche extra-personnelle, voire spirituelle, et inadapté, contre-partie inévitable, au jour, comme étranger à lui-même. La prise de contact avec l’autre, son alter ego serait plus aisé que la prise de contact avec lui-même. Le sagittaire éprouverait des difficultés à cerner les limites de son propre moi. Ne retrouve-t-on pas ici la symbolique du sagittaire mi-homme mi-cheval arc-bouté vers un idéal lointain. Sublimant dans le meilleur des cas ses instincts, ses besoins fonciers pour les orienter vers des réalisations impersonnelles. A défaut de sublimation, et versant dans l’inadaptation, le Sagittaire pourrait être tout aussi enclin à oublier les impératifs de ses propres limites humaines et naturelles, à perdre le contact avec lui-même par identification excessive à des causes, idéaux ou buts fédérateurs. La Nuit du non-moi est une ouverture exceptionnelle à l’autre, mais également un danger de dissolution du moi. On remarquera ici en filigrane la présence du Cancer qui se manifeste par carence. En effet, dans la logique du zodiaque naturel, chaque signe porte en lui les problématiques de son symétrique, ou contre-signe. Problématiques qui surgissent à l’occasion des errances et inadaptation du signe.

Signe et contre-Signe

Autre clef de lecture, de compréhension d’un Signe zodiacal : le contre-Signe. Dans la logique du zodiaque naturel chaque signe peut se comprendre par son symétrique, c’est-à-dire le signe qui lui fait face par rapport à la ligne des équinoxes, qui est un peu comme la ligne de partage des eaux du zodiaque, des eaux diurnes et nocturnes. Au Bélier, répond les Poissons, au Taureau, le Verseau, …, au Sagittaire, le Cancer. Ainsi, les forces d’un signe seront les faiblesses du contre-signe et vice-versa. Les forces du Sagittaire (ouverture à l’autre) exprimerons les faiblesses du Cancer (manque d’ouverture aux autres par repli et délimitation du moi). La faiblesse du Sagittaire sera donc de ne pas savoir être un Cancer adapté. Le Sagittaire peinera à délimiter, circonscrire au plus juste son champ d’action, sa communauté d’appartenance comme le ferait un Cancer digne de ce nom. Si le Cancer se définit volontiers par ses limites, ses appartenances, ses systèmes de protection (la famille, le clan…), le Sagittaire se définira par ses non-appartenances naturelles (ou appartenances à un ordre supérieur), par ses grandes envolées plutôt que par ses ancrages.

Perte des antagonismes et sens de synthèse
Les nuits sont à leurs combles, l’ouverture à l’autre est maximale. Le Sagittaire sera sensible aux grandes synthèses, à toutes dynamiques de rassemblement, de mise en commun des énergies. Le Sagittaire aime voir grand, très grand, ses vues seront synthétiques. Le revers de la médaille sera un manque de différenciation des contraires, des valeurs antagonistes exprimées par les signes équinoxiaux : Bélier, Poissons, Vierge, Balance. En effet l’égalité des jours et des nuits qui caractérise les signes équinoxiaux invite les natifs de ces signes à opérer de claires distinctions entre valeurs opposées : le moi et le non moi, le blanc et le noir, le pur et l’impur, le laid et le beau, etc. Les nuits sont maximales en Sagittaire, les jours réduits à leur portion congrue, d’où la tendance du Sagittaire à vouloir tout embrasser sous un même regard, quitte à négliger tous éléments singuliers ou contradictoires. Le Sagittaire pêchera par excès de synthèse, de généralisation, attention alors aux amalgames, aux bric-à-brac qui menaceront ses visées unificatrices.

Quelques Sagittaires célèbres

L.L. Zamenhof (né le 14 décembre 1859) créateur de l’espéranto. Cette langue idéalement internationale reflète bien le refus des barrières, des frontières cancériennes. Un bel exemple d’ouverture au non-moi.

Morihei Ueshiba (né le 14 décembre 1883) créateur de l’aïkido. Toutes les techniques de cet art martial japonais sont basées sur l’esquive (défenses souples et mobiles) et la recherche d’harmonisation à l’attaquant (ouverture à l’autre). L’efficacité de l’aïkido repose sur l’engagement, l’ouverture et non sur la protection et le blocage. On aura repéré les valeurs sagittaires dans l’ouverture à l’autre au détriment des valeurs du Cancer (protection, blocage).

Wassily Kandinsky (né le 5 décembre 1866) précurseur le l’art abstrait. Sa peinture s’est affranchie de toutes références concrètes. Ouverte aux valeurs nocturnes, la peinture de Kandinsky vise une universalité d’expression libérant la peinture de son carcan figuratif. Il est d’ailleurs remarquable de constater que les grandes figures précurseurs de l’art abstrait sont tous nées sous la domination de la Nuit en relation avec le non-manifeste et l’abstraction (Paul Cézanne, Capricorne, Pablo Picasso, Scorpion, Paul Klee, Sagittaire, Fernand Léger, Verseau).

Aimé Jacquet (né le 27 novembre 1941). Autre grand rassembleur, dans le monde du sport cette fois. Aimé Jacquet a mené à la victoire une équipe nationale multicolore. Une équipe de France sans frontières en quelque sorte. Comment ne pas reconnaître ici les traits typiques du Sagittaire de haut vol : rassembleur, fédérateur, en qui toute la France s’est reconnue. Il aura offert à la France et au football la plus belle ‘Nuit’ de son histoire : le don exceptionnel d’un homme voué corps et âme à son équipe, à la limite du sacrifice. On peut parier qu’Aimé Jacquet a dû traverser une sérieuse crise identitaire au lendemain de la victoire!

Patrick Le Guen