Le Sens du Dosage

Les signes du zodiaque-signal (dit photopériodique) de l’Astrologie Conditionaliste s’organise en 3 familles autour des axes équinoxiaux et solsticiaux :
– signes équinoxiaux marqués par une égalité des arcs diurnes et nocturnes des planètes qui les traversent (on parle de jour et de nuit lorsqu’il s’agit du Soleil).,
– signes solsticiaux marqués par une nette prédominance de la durée de l’arc (diurne ou nocturne) qui domine en durée.
– signes ‘fixes’, situés entre ces 2 extrêmes. Ces signes (Taureau-Lion, Scorpion, Verseau) sensibilisent au ‘sens du dosage’ puisqu’ils ont vocation à trouver le meilleur alliage entre la force de composition solsticiale (Gémeaux-Cancer, Sagittaire-Capricorne) et la force des contraires équinoxiales (Poissons-Bélier, Vierge-Balance).

Dans l’ouvrage fondateur ‘La Condition solaire’, paru en 1964, Jean-Pierre NICOLA, nomme par ‘Force de composition’ ce qu’aujourd’hui nous sommons ‘sens des ensembles’ : capacité à percevoir et intégrer en un ensemble, une totalité aussi vaste que possible tous les éléments perçus (concrets ou abstraits) de l’environnement.
Les 4 signes ‘fixes’ de la Tradition sont décrit ici par Jean-Pierre NICOLA dans leur manière spécifique de gérer le combinaison entre le ‘sens de composition’ solsticiale et le ‘sens des contraires’ équinoxiale.


.png

LE TAUREAU

Sens des dosages

Succédant au Bélier, le Taureau paraît accommodant et porté aux conciliations. Il se tient toutefois en garde et n’ignore rien de ses allergies, c’est donc la force de composition qui impose ses nécessités : elle accepte de vivre parmi ceux que l’on hait, de côtoyer l’adversaire quotidien, d’admettre l’absurde contre une seule certitude et de mêler à son idéal un peu de basse matière. L’équivoque, l’hypocrisie, le jésuitisme sont, dans une certaine mesure, indispensables à toute réalisation, à toute plongée de l’esprit dans l’acte. Les Signes « fixes » incarnent le sens du réel, ils maintiennent leurs fins au prix d’un ajustement permanent aux fluctuations du milieu. L’astrologue Rudhyar a perçu leurs perpétuelles délibérations. Elles reflètent un intense travail d’adaptation au mouvant avec le souci constant de ne pas céder sur l’essentiel.

Composition et exclusion signent de concert le Taureau roublard, habile dans ses manœuvres, sachant sacrifier l’accidentel à l’essentiel au moment où se précise le choix. A côté de ce stratège, nous trouverons le sophiste, l’homme aux paradoxes, transfuge retranché dans une logique spécieuse.

Le LION

Sens des dosages

L’évolution saisonnière amène le stade Lion à la détérioration de la force de composition, au renforcement du sens des contraires.

Généralement, la conduite du léonien semble dépourvue d’équivoque ; un examen attentif le révèle sujet aux compromissions. Tout en sachant doser son opportunisme, il est homme de salon. Brillant en compagnie mais point familier, son amitié même a des mystères. A l’occasion, il traite l’ennemi en hôte généreux. Dans son cœur, sympathie et vindicte voisinent sans qu’il en résulte une confusion.

L’association des deux forces (composition-exclusion) permet une grande richesse d’adaptation. L’ambivalence, maîtresse de son jeu (appelons-la ambivalence utile), donne au comportement une ambiguïté qui défraie l’entourage (l’intéressé y trouve l’occasion de se renouveler). C’est dans les marges imprécises ou les définitions plastiques que se trame la comédie humaine ; des intrigues se nouent et se dénouent : on est pris, on croyait prendre ; on triche, ou se vole mutuellement dans le pur respect des codes et délicatesses mondaines.

La participation du léonien à la vie collective porte l’empreinte de plus en plus accusée de la personnalité. On accable facilement le léonien d’intentions narcissiques : sa générosité n’est qu’une pure publicité, son grand cœur un cachot de tyran et ses amours autant de paliers d’une ascension déguisée. Il ne faut pas oublier que l’évolution (orientée vers l’exclusion) conduit le léonien à rejeter ce qu’il à adore ; par déception, par tactique, il finit par tirer l’échelle.

LE SCORPION

Sens des dosages

Pluton-Janus résume clairement la situation : deux profils, l’un blanc, l’autre noir, sont associés symétriquement. L’homme du Scorpion est « double », en lui, diront les symbolistes, il y a le Saint et le Maudit, le Ciel et l’Enfer. Nous avons vu la composition du Printemps (osmose), celle de l’Été (agrégation), la composition de l’Automne apporte au Scorpion un troisième style : la coordination des contrastes que la Balance n’a pu réaliser, car il s’agit d’unir en une seule conduite deux choses opposées, et non d’osciller d’un pôle à l’autre. L’inhibition. différentielle ne tolérerait d’ailleurs pas un autre schéma d’association, elle choisit un ennemi réellement antithétique, un véritable contrepoids, en essayant d’orienter le dynamisme du conflit vers l’adaptation. Cela nécessite parfois un dialogue direct avec le rival, il faut se hasarder suffisamment dans ses rangs pour le convertir.

Nous voilà dans l’univers du double-jeu, avec une composition parfois si étroite que notre Scorpion s’y reconnaît de justesse : il lui est facile de changer de camp, et en pesant tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, son action donne du relief aux combats de l’existence. Dans la vie sociale, notre Scorpion est un homme-charnière, à califourchon sur deux univers, il sait généralement orienter les conflits à son profit, tirer avantage (matériel ou moral) d’une conflagration, d’une opposition, et marier les antagonismes au mieux de ses intérêts. La vie amoureuse offre de son côté un terrain idéal pour le jeu des contraires : le savant mélange de douceur et de violence, la dose efficace de mépris et d’adoration créent des attachements forcenés. Ajoutons que métaphysiquement, le Scorpion s’intéresse aux interférences de Dieu et du Diable, aux incidences de la Vie sur la Mort et vice-versa.

Essayons de pénétrer plus intimement le secret de deux forces opposées devenues complices. La différenciation souligne les incompatibilités : les deux forces seront deux extrêmes, deux valeurs types ; la composition tente de les rapprocher, elle commence le Sagittaire où règne une interdépendance organisée, mais cette tentative ne réussit pas parfaitement car le sens des contraires maintient l’exclusive. Si celle-ci domine, nous aurons les types Scorpion rageusement engagés dans une voie, passionnés et autres, mais sujets à un retournement qui découvre tout de go l’envers de leur Moi : mystique s’il pratiquait la raison froide, pornographe s’il était prude. Fréquemment, l’homme cherche la composition, il se sent alors dans la situation d’un amoureux qui, passionnément épris, découvre des impulsions négatives à la base de son amour. Pour aller en un seul sens, purifier cet amour auquel il veut donner un caractère d’intégrité, il s’emploiera à convertir son fond rebelle. Ainsi voit-on des êtres purs obsédés par une tache ; ainsi se pose, semble-t-il, le schéma de la sublimation. Au stade Scorpion, le travail de conversion bat son plein, réussites et échecs y voisinent.

LE VERSEAU

Sens des dosages

L’on comprend autour du thème de l’Amitié, comment se réunissent en une ambivalence heureuse, la composition et le sens des contraires. L’amitié établit entre les êtres, entre les êtres et les choses, des liens subtils, vastes et délicats auprès desquels les liaisons créées par la force associative de l’automne sont de lourdes passions. Dans sa meilleure acception, l’amitié est l’amour de l’esprit. Elle propose un contrat universel basé sur le respect volontaire de chacun pour chacun. Elle est le voisinage discret et attentif liant une individualité à une autre sans jamais l’attacher, évitant de l’altérer par une influence trop prononcée. Que la liberté des uns soit une garantie et non plus une menace pour la liberté des autres, tel est le vœu de l’amitié. Il va sans dire que, sauf pour le Verseau supérieur, ce programme est d’une réalisation hasardeuse, les faux semblants ne manqueront pas.

Voyons d’autres effets de l’ambivalence. lIs sont signalés par l’équivoque du Verseau qui se défend d’entrer à part entière dans la structure dont il est parfois le principal animateur. Il forme un noyau, un cercle d’influence et échappe à son attraction. S’il se crée un personnage, il ne tient pas à en être la victime. Cela contribue à lui donner un prestige de simplicité, d’authenticité, mais l’entraîne aussi à se confiner dans des combinaisons de dépendance et d’autonomie qui mettent les amateurs de positions nettes dans le malaise. En entretenant autour de lui une zone d’indétermination, il donne de l’élasticité à sa conduite et se renouvelle sans se renier.

La composition hivernale, schématiquement, est une inhérence. L’être contient en lui une foule de possibilités, elles viennent de son tempérament, de sa structure insérée dans une suprastructure donnée (milieu social notamment). Le sens des contraires va opérer sur ce terrain en entreprenant son travail de dissociation. De toutes les possibilités prévaudront celles qui découlent de l’originalité profonde de l’être, ou qui risquent le moins d’être suggérées par le groupe social, l’hérédité familiale, etc. Le Verseau possède donc un pouvoir discriminateur avec lequel il fera la part de son originalité, la part de son aliénation. Il est moins exposé que le Capricorne à s’identifier à la Cause, l’individualité reprend ses droits.

Reconstituons la logique du processus sur le plan métaphysique : le sens des contraires dualise l’inhérence, la composition maintient le dialogue. Avec ces éléments, la conscience du Verseau se conçoit comme le centre créé et créateur des rapports antagoniques. Allégoriquement, il est le Saint-Esprit de la Trinité.