Ce que cache l’astrologie sur les relations entre la matière et la vie, la matière et l’esprit est plus important que ses réussites ou ses échecs imprévisibles. Les conditionnements célestes se réalisent dans et par les conditionnements terrestres qui les amplifient, les contrarient ou les annihilent. La conception de conditionnement remonte au premier livre d’astrologie, à La Tétrabible de Claude Ptolémée ( v.100 – Canope v.170) savant grec, astronome, géographe, astrologue).
«Comme donc, en toutes les prédictions, on a coutume de considérer premièrement la destinée générale, qui est plus puissante que celle des particuliers, de même il faut qu’on prenne attentivement garde au pays, d’autant qu’on peut de là juger de beaucoup de choses particulières, à savoir de ce qui touche aux formes des corps, aux mœurs et à la diversité des lois. Aussi, c’est une chose qui convient aux observations naturelles de préférer toujours la plus puissante cause ; de peur, qu’en raison de la vraisemblance qui est en la naissance, on ne dise qu’un Ethiopien ait un visage blanc et une chevelure longue et étalée, et qu’un Allemand soit basané et ses cheveux naturellement frisés ; ou que ceux-ci soient paisibles et amateurs des arts et des passe-temps publics, et les Grecs au contraire sauvages et ignorants. Lorsqu’il sera question des mœurs des nations, qu’on ne se détourne pas aussi des lois et de la façon de vivre, comme si quelqu’un promettait à un Italien qu’il épouserait sa sœur, ce qui n’est ordinaire qu’aux Egyptiens, et à un Egyptien sa mère qui est seulement permis aux Perses. Enfin qu’on préfère toujours la constitution générale ; ensuite qu’on y ajoute et qu’on y accompagne les choses particulières selon le plus ou le moins. De la même manière dans la division des temps il faut régler les événements aux différences des âges, de crainte que divaguant, nous n’allons attribuer à un enfant l’action ou des noces ou quelqu’autre chose qui convienne à des hommes faits ; ou bien que nous ne donnions à un faible et débile vieillard la faculté d’engendrer ou quelqu’autre chose qui soit propre à la jeunesse. Mais selon la raison des âges nous nous accommoderons aux choses qui leur sont et possibles et convenables. »
Ces extraits de La Tétrabible, rééditée en 1974 (Bibliotheca Hermatica, éd. Culture, Art, Loisir) montrent que le conditionnel de l’astrologie n’a pas échappé au bon sens et au savoir des premiers astronomes-astrologues. On ne saurait en dire autant de la majorité des astrologues et de leurs détracteurs qui, plus de 2000 ans plus tard, poursuivent leurs querelles sur le déterminisme absolu, comme si Ptolémée et Kepler n’avaient jamais existé. Comme si le conditionalisme moderne n’avait rien écrit, ni publié depuis 1964, année de parution de La Condition Solaire, ouvrage qui a été suivi de beaucoup d’autres auteurs développant de nouveaux concepts. Le conditionalisme post-ptoléméen n’affectera pas la stupidité des cartésiens- ricaneurs. Par contre, les astronomes non-militants qui en ont eu connaissance ont admis que ces concepts avaient de l’intérêt et méritaient des échanges d’idées, au minimum une suspension de jugement plutôt que des consignes de va-t-en-guerre ostracistes. Je ne crois pas que le Président et le Doyen (directeur de ma thèse) de l’Université d’Honolulu (Hawaii) qui ont qualifié mon approche de « très originale », prometteuse « d’efficacité en matière de conseil et d’orientation des hommes et des femmes d’aujourd’hui », soient des esprits moyenâgeux, des « charlots » comme l’écrit un « anti ». Pour les astronomes auteurs d’un Que sais-je ? négatif sur le conditionalisme, cette reconnaissance ne peut venir que de « semi-érudits », dernière lacune en date des crédules. Mais cet exemple peut également justifier leur recommandation de vigilance, digne des « murs ont des oreilles » car, je les cite :
Attention : il y a des gens intelligents qui croient à l’astrologie !
Par exemple, un certain Joachim Rheticus (1514-1576) Astronome-astrologue, mathématicien allemand, qui a convaincu son maître Nicolas Copernic de publier ses découvertes (l’héliocentrisme réputé fatal à l’astrologie) après en avoir imprimé, signé et publié un abrégé Narratio prima (1540). Faut-il préciser que la qualité d’astrologue de Rhéticus, grand prévisionniste, n’est pas mentionnée dans nos dictionnaires ?
Jean-Pierre NICOLA