Le Bélier mythologique : entre divinité et sacrifice
Le signe du Bélier ne se résume pas à l’animal qu’il représente. Son ascendance divine et sa symbolique sont complexes et souvent méconnues. Même s’il n’est pas traditionnellement gouverné par Jupiter, ce dernier, qui se transformait souvent en bélier, est une figure tutélaire pour le signe. De même, Mercure, dieu des bergers, est associé au bélier dans diverses mythologies. En Chine ancienne, le bélier est même celui qui porte les Immortels, soulignant son rôle de guide.
L’ancêtre divin : Chrysomallos
Chrysomallos, un bélier fabuleux, comme le véritable ancêtre du signe. Capable de voler et de parler, il est doté d’une Toison d’or, un attribut précieux qu’il doit à Mercure. Cette créature exceptionnelle est au cœur d’un récit mythologique complexe.
L’histoire commence avec le roi Athamas, dont la nouvelle épouse, la marâtre Ino, complote pour sacrifier les enfants de sa première femme, Néphélé (le « nuage »). Prévenus par Chrysomallos, les enfants, Hellé et Phryxos, s’envolent sur son dos. Durant le voyage, Hellé chute et se noie, tandis que Phryxos atteint la Colchide. Là, Chrysomallos lui ordonne de le sacrifier, se dépouille de sa Toison d’or pour la lui offrir, puis monte au ciel pour devenir la constellation du Bélier, le premier signe du zodiaque.
La morale du mythe : générosité et idéalisme
Ce mythe est une source de symboles foisonnants :
- Dévouement et générosité : Le bélier incarne une générosité spontanée, une force providentielle qui vient en aide aux innocents contre la ruse et les intrigues terrestres des adultes.
- Conflit entre le divin et le terrestre : Les enfants du nuage et du vent (Hellé et Phryxos) sont opposés aux enfants de la terre de la marâtre. L’histoire prévient que les manigances ne mènent qu’à la calamité, et que le Bélier n’est pas fait pour les héritages légitimes ou les basses intrigues.
- Renoncer au passé : Le Bélier doit renoncer au passé de ses parents et trouver sa propre voie, son propre « vol ». Se contraindre à une vie « pratique » ronge l’âme et nourrit la nostalgie d’un rêve sacrifié. Le Bélier doit avoir le courage d’être uniquement lui-même.
Le choix et la quête de l’idéal
Le mythe insiste sur la notion de choix. La chute d’Hellé symbolise la victoire de la lumière sur la nuit, un moment de séparation décisif. Le Bélier doit choisir entre ses deux aspects — son Phryxos intérieur (celui qui est sauvé) et son Hellé (celui qui est perdu) — pour ne pas errer sans but. Seul celui qui fait ce choix et s’envole vers son propre idéal, même s’il semble chimérique, trouvera la « Toison d’or », c’est-à-dire la force d’être soi, une force indispensable pour être reconnu.
Cette quête de la Toison d’or est le second épisode de la légende, l’aventure des Argonautes. La Toison, cachée dans un bois sacré à la Colchide, attire des princes grecs menés par Jason. Bien qu’il réussisse à la conquérir, Jason échouera dans la suite de sa vie. Pour le Bélier, l’essentiel est là : le signe marque un nouveau départ, une séparation du passé pour trouver les clés de la vie. Pour lui, tout est à faire, à condition de s’être d’abord séparé de ce qui était.